La journée mondiale du chef
Il y a quelques jours, le 20 octobre, a été célébrée la Journée mondiale du chef, en reconnaissance de toutes les personnes qui préparent quotidiennement les plats les plus exquis du monde.
Selon les références historiques, le premier chef cuisinier connu est Marie-Antoine Carême, né en 1784 en France. Il est également connu comme le père de la pâtisserie moderne et le précurseur de la haute cuisine. C’est lui qui a introduit l’hygiène, l’ordre, la technicité et la présentation des plats en donnant à la nourriture un cadre esthétique.
Cette date, le 20 octobre, fut proposée par l’Association culinaire mondiale (WACS) pour sensibiliser à l’importance de cette profession.
Les chefs doivent étudier, pratiquer, acquérir des connaissances techniques, se spécialiser dans les saveurs, les arômes, les textures, les coupes, la cuisson, les nutriments, les couleurs et bien d’autres choses encore pour créer.
Parfois, le chef ne cherche pas seulement un résultat tangible, une belle présentation sur une assiette. Parfois, le chef va plus loin. Il nous transporte dans un autre temps, un autre lieu, un souvenir. Il nous fait entrer dans le monde des sensations…
Un chef devient un artiste lorsqu’il a des choses à dire à travers ses plats, comme un peintre dans un tableau.
Chers chefs et cheffes, un grand merci!!
Mais si nous parlons de plats exquis, de saveurs, d’arômes, de souvenirs, de sentiments… Si nous parlons du quotidien, du fait d’aller au marché, de faire ses courses sans avoir à dépenser beaucoup d’argent et de transformer ces simples ingrédients en un plat digne du meilleur restaurant… Si nous parlons de cet art, pour moi, la meilleure cheffe du monde, c’est ma mère. Carmen.
Je me souviens…
Ma mère n’a jamais fréquenté d’école de cuisine (elle a à peine pu terminer ses études de base, dans une Espagne d’après-guerre où la priorité était de couvrir les besoins élémentaires pour survivre).
Ma mère n’a jamais travaillé dans la restauration et tout ce qu’elle faisait dans la cuisine n’avait pas d’autre but prétentieux que de nous nourrir.
Alors non, je ne peux pas dire que tout ce que je sais aujourd’hui sur la cuisine m’a été enseigné par ma mère (elle ne sait pas faire la pâte brisée, et moi non plus jusqu’à récemment ! ). Mais elle m’a appris des choses bien plus importantes , même si elle n’en était pas probablement consciente.
Patience, méthode, calme, générosité. Transmettre du plaisir à travers ses plats a toujours été la priorité pour elle. En définitive, nous faire vivre des moments de bonheur au travers de sa cuisine.
Je garde en mémoire les jours de froid et de neige (quand il neigeait encore à Madrid !) où je rentrais gelée, les mains rouges d’avoir joué avec mes amis (Décathlon n’était pas encore arrivé dans nos vies et je n’avais que des gants de laine), le nez qui coulait et le visage endolori par le froid.
Et le saint béni de ma mère nous attendait avec un Cocido (plat typique de Madrid, qui ressemble au pot au feu) sur la table pour nous réchauffer.
Ou la célébration d’un anniversaire autour d’une assiette de tripes à la madrilène (callos a la madrileña), parce que c’est l’un des plaisirs de mon père.
Et la paella du dimanche, les haricots aux palourdes pour la fête des mères, un ragoût de viande avec des carottes et des pommes de terre pour la fête des pères, le cochon de lait pour Noël. Un gaspacho bien frais s’il fait très chaud, des lentilles au chorizo s’il fait froid.
Ou simplement une tortilla de patatas (omelette aux pommes de terre) et une salade, les croquetas, ou la charcuterie avec du pain à la tomate et de l’huile d’olive.
Ma cheffe préférée !!
Je viens d’une famille où manger est important. Pas seulement comme l’acte de se nourrir (dans ce sens, manger est important pour tout le monde). Une réunion de famille, un événement, une célébration, une journée difficile, une journée triste… Dans le bon et dans le mauvais, en ayant un bon plat devant soi, tout est mieux.
Chez moi, dans la maison de mes parents, la cuisine est exclusivement une affaire de femmes. Mes grands-mères, ma mère, moi… Question culturelle, générationnelle?
Il y a quelque temps, peut-être pour un sentiment interne de survie, ou de vouloir aider aux tâches ménagères, ou je ne sais pas très bien pourquoi, mon père a demandé à ma mère de lui apprendre à cuisiner.
Évidemment, il n’avait aucun intérêt à apprendre les bases de la cuisine, non !! Vicente voulait sauter toutes les étapes et se positionner directement au sommet du classement, dans le top des recettes de ma mère. Dans les recettes de Carmen, qui nous font tous saliver en les sentant…
Et comme il n’est pas possible d’apprendre cela par magie, ma mère a commencé à écrire un cahier, à la main, avec les recettes, ses meilleures recettes.
Comme c’est logique et totalement prévisible, mon père n’a jamais fait une seule recette de ce cahier !!
Mais le trésor existe. Et mon frère et moi sommes les grands héritiers de ce trésor.
Un trésor d’une valeur inestimable
C’est un document d’une valeur inestimable pour moi. Non seulement pour les recettes (c’est déjà énorme !) mais aussi parce qu’il constitue un témoignage vivant et réel de ma mère, de son caractère, de ses expressions.
Les recettes sont écrites à la main, à sa manière, avec les mêmes expressions qu’elle utilise quand elle parle, quantifiant les temps et les ingrédients de manière imprécise mais adorable (« à vue d’œil » ou « il sera cuit quand tu le goûteras et que tu verras qu’il est bien cuit »). Et très détaillé car maman était bien consciente des connaissances très limitées de mon père en matière de cuisine. Très touchant.
Et je veux partager ce trésor avec vous. Avec la permission de ma mère, je vous laisse quelques photos. Ce sont des photos de mes photocopies que j’ai faites il y a longtemps ; elle a toujours le cahier original).
Regardez ces délicieuses recettes. Cocido madrilène, agneau rôti, lentilles au chorizo, riz au poulet, sardines à l’escabèche, soupe de fruits de mer, tripes… Et quelques autres encore !
Je me mets au travail pour vous partager les recettes de ma mère, Carmen.
Voici mon petit hommage à ma mère, ma cheffe préférée. Comme de nombreuses mères dans le monde entier !
Et toi, as tu un héritage gastronomique? Quelles sont les recettes qui se transmettent de mère en fille dans ta famille? Quelles sont les recettes qui te font sentir, te rappellent, te font voyager, t’enthousiasment ? Quel est ton chef préféré ?
Écrivez-moi, laisse-moi tes impressions dans les Commentaires. Je vous lis tous !!
Merci Carmen infiniment pour ce témoignage émouvant. Tout comme toi, ma mère est une cuisinière hors pair et c’est elle qui m’a transmis cette vision de la cuisine comme un moment privilégié de méditation et de partage. Les effluves qui s’échappent de la cocotte quand elle cuisine me transportent instantanément vers ces instants chaleureux en famille. Elle possède une maîtrise parfaite de ces cuissons, et grâce à ton récit, je me rappelle combien ces instants sont précieux. Ta narration nous rappelle que la cuisine va bien au-delà de la simple préparation : c’est un héritage familial, une histoire à partager.